Dès l'arrivée de mon sang pour la première fois, j'ai eu la chance de recevoir des transmissions par ma mère sur le cycle menstruel. Mais comme bon nombre d'entre nous, on m'a dit que je «devenais une femme», alors que j'avais besoin de vivre ma transition beaucoup plus doucement. Mon corps a été l'objet de tabous, de censure, de honte, objectifié et hypersexualisé trop rapidement. Je ne l'aimais pas, et je n'avais aucune confiance en moi et mes potentiels.
Je suis entrée dans ma féminité comme si cela était un poids, et sans être guidée, comme résultat d'un héritage collectif blessé et d'une amnésie de la culture féminine. Je ne connaissais rien d'autre qu'une vie en déconnexion de mon autorité intérieure et des ressentis de mon corps, en soumission et en service aux besoins de l'autre.
Après une décennie
d'une relation de désamour avec mon corps, de savons, culottes, tampons et serviettes hygiéniques toxiques, d'infections à levures, de douleurs menstruelles, de contraception hormonale et stérilet, de vagues de dépression, d'un rythme de travail effréné et surproductif, de tests gynécologiques invasifs, de sous-alimentation, d'expériences sexuelles inappropriées, de vêtements trop serrés, d'incapacité à exprimer mes limites,
au milieu de ma vingtaine, mon corps m'a murmuré que c'était assez.
La douleur de mon féminin était si grande qu'elle demandait mon attention. Elle m'a demandé de descendre dans mon bassin, de ressentir mes peines et de m'ouvrir à plus de respect et de souveraineté pour Elle.
Aujourd'hui...
je suis la seule et unique autorité sur la gestion de mon corps et ma fertilité, de mon horaire de travail. Je crée mes services et mon horaire en fonction de mes cycles. La période menstruelle de mon mois est un temps de repos, de regénération, où j'honore mon sang. Je communique mes besoins. Je vis une vie de couple et une sexualité épanouie dans le respect et la communication saine. La connaissance de mon corps et ses possibles s'expand sans cesse, ainsi ma confiance et mon pouvoir de création. Je suis une femme en chemin vers la maternité, nourrie par une expérience de préconception en pleine conscience.
Je sais maintenant que les royaumes du féminin sont multidimensionnels, à la fois spirituels et ancrés dans la matière.
Je te raconte tout ceci... pour que l'on prenne conscience ensemble, qu'en vérité, nos corps et nos psychés portent les marques de traumas collectifs de la honte, de la violence, de la soumission depuis plusieurs générations, ce qui nous a causé bien des rapetissements.
Notre ventre, notre bassin, notre utérus,
est un pont vers cette mémoire
d'un chemin ancien,
celui d'un pouvoir immanent,
d'une force de vie qui vient de l'intérieur.
Elle nous souffle l'inspiration
poétique et ancestrale qui nous relie
à cette grande toile du monde Vivant.
Je, Clara Bastiani, reconnais que mon travail prend place sur les terres du peuple Anishinaabe. Je reconnais que les terres n’ont jamais été cédées et je reconnais que le peuple Anishinaabe a pris soin de ce territoire pendant des milliers et des milliers d’années. J’exprime mon profond respect et ma gratitude envers tous les Aînés passés, présents et émergents. Je reconnais que je voyage également dans de nombreux pays et je rends hommage aux gardiens traditionnels de ces terres. Je m'efforce de nourrir une collaboration avec les peuples autochtones afin d’approfondir ma compréhension et mes liens avec le territoire que j'habite.